La CNUCED recommande des réformes axées sur le développement, l´octroi d´une aide sans effet de distorsion et la préparation de l´accession au statut d´État
Une nouvelle étude de la CNUCED montre que la détérioration de la situation économique et des conditions de vie dans le territoire palestinien occupé, suite à l´intensification des restrictions depuis 2000, a aggravé la pauvreté et le chômage et affaibli l´Autorité palestinienne, qui était déjà fragile.
Dans cette étude, intitulée "The Palestinian war-torn economy: aid, development and state formation" (L´économie palestinienne ravagée par les conflits: aide, développement et accession à la souveraineté), la CNUCED recommande à l´Autorité palestinienne de compléter les mesures prises pour parer au plus urgent par une planification et une politique à long terme axées sur la réduction de la pauvreté et la croissance de l´emploi. Il lui revient de s´efforcer d´utiliser l´aide étrangère ? ô combien nécessaire ? de façon qu´elle n´ait pas d´effet de distorsion, c´est-à-dire qu´elle n´entrave pas la croissance économique et ne perpétue pas la dépendance; de s´employer à rendre l´économie palestinienne moins tributaire d´Israël et de mettre en place des institutions efficaces et transparentes en vue de l´accession de la Palestine au statut d´État, malgré les incertitudes régnant quant à son avenir avec une occupation israélienne qui s´éternise. L´étude a été réalisée par le Groupe de l´assistance au peuple palestinien, avec le concours de Mushtaq H. Khan (School of Oriental and African Studies, University of London) et Fadle M. Naqib (University of Waterloo, Ontario (Canada)).
Sous l´occupation israélienne, "l´institutionnalisation des mesures restrictives, dans le cadre de ce que l´on peut appeler une politique d´endiguement asymétrique, a coûté très cher à l´économie" et l´a assujettie à une "dépendance néfaste". Avec l´"alourdissement des contraintes et les immenses difficultés rencontrées pour mettre sur pied des institutions publiques modernes et transparentes dans de telles conditions, l´efficacité de l´Autorité palestinienne depuis le début de la période d´autonomie intérimaire ne pouvait que décliner". Il n´est donc pas étonnant que "les observateurs, les donateurs et les Palestiniens eux-mêmes ? comme en témoignent les résultats des élections législatives de 2006 ? soient devenus si critiques à l´égard de l´Autorité".
L´étude indique que le PIB palestinien a diminué chaque année pendant la période 2000-2004. Les rares améliorations ont été passagères et la dépendance à l´égard de l´aide extérieure s´est beaucoup alourdie, celle-ci étant axée non plus sur le développement mais sur les secours d´urgence et le soutien budgétaire. Pendant la période 1999-2000, environ 88,1 % de l´aide à l´Autorité palestinienne avaient été consacrés au développement, 9,4 % aux programmes d´urgence et 2,6 % au soutien budgétaire. En 2001-2004, seulement 28,4 % sont allés à des projets de développement, contre 29 % aux programmes d´urgence et 42,6 % au soutien budgétaire.
Cette situation a suscité au sein de l´Autorité palestinienne un "débat qui n´a pas encore débouché sur des orientations claires et encore moins sur un consensus concernant la meilleure stratégie à suivre pour mettre l´économie sur la voie de la reprise et d´un développement soutenu". Les efforts de développement des Palestiniens se heurtent à de "multiples obstacles, la reprise et la reconstruction s´inscrivant dans un contexte caractérisé par i) une situation conflictuelle; ii) des restrictions croissantes et systématiques à la mobilité; iii) l´absence de souveraineté nationale; iv) un programme de réformes ambitieux, voire démesuré; v) l´étroitesse de la marge de manœuvre dont dispose l´Autorité palestinienne sur le plan économique; vi) sa dépendance désormais systémique à l´égard de l´aide étrangère".
D´après l´étude, "il ne fait aucun doute que, dans l´immédiat, l´aide devra rester en grande partie axée sur les secours humanitaires et le soutien budgétaire. Mais aussi indispensables soient-ils, ces instruments ne sont pas suffisants pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité économique des Palestiniens, dans une situation d´endiguement asymétrique. Il faut plutôt mettre au point une stratégie d´assistance à long terme à l´économie palestinienne, qui n´ait pas d´effet de distorsion".
La corruption reste problématique, bien qu´elle soit en grande partie liée à la politique d´endiguement asymétrique à laquelle l´économie palestinienne est soumise. L´étude fait état de progrès dans certains secteurs, notamment les finances publiques et l´établissement d´un système douanier intégré et informatisé, mais la situation de conflit et l´absence de souveraineté empêchent d´aller de l´avant.
L´aide au développement devrait tenir compte des conditions particulières du territoire palestinien et ne devrait pas être assortie de conditions telles une libéralisation à tous crins et une réforme du marché qui risqueraient de ne pas être efficaces étant donné l´occupation, les restrictions concernant la mobilité et le fait que l´Autorité palestinienne ne maîtrise pas les fondamentaux de l´économie. Pour que l´aide soit efficace, il faut "dépasser l´orthodoxie économique et adapter le processus de développement aux caractéristiques actuelles et au cadre institutionnel particulier de l´économie palestinienne".
Les conclusions de l´étude seront présentées à des experts du secteur public et du secteur privé palestiniens ainsi qu´aux organisations internationales concernées lors d´un forum organisé par la CNUCED en coopération avec l´Institut palestinien de recherche sur la politique économique (MAS), qui se tiendra à Ramallah le 17 mai. À cette occasion, sera également présenté un modèle d´analyse des scénarios économiques et commerciaux, établis avec le MAS.
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